Prix Lignum 2024 : 7 lauréats pour la région Ouest
Maître de l'ouvrage: Ville de Bulle; Architecte: RBCH, Bulle; Ingénieur: Gex et Dorthe ingénieurs, Bulle; Construction bois: Groupe Grisoni – Dougoud constructions bois, Epagny.
Image Vincent Jendly/Prix Lignum 2024.
Label Bois Suisse pour l'ensemble de l'ouvrage
Entre tradition et innovation
La nouvelle passerelle jetée sur la Trême est un ouvrage vecteur d’identité. Elle relie au nord le centre-ville de Bulle à un quartier de nouveaux logements au sud. Reprenant la tradition des ponts vernaculaires couverts, la voie de circulation et la toiture aux courbes inversées s’affinent vers le milieu, puis s’élargissent sur les côtés. Parallélépipède ajouré aux arêtes arquées, la passerelle des Buissons réinterprète la poutre à treillis. Les diagonales de part et d’autre sont constituées de lames en épicéa entrecroisées. Quatre sont prévues pour la charge en compression, trois pour la charge en traction. La passerelle est une belle réussite sur le plan spatial et technique. Toutes les pièces sont remplaçables, bien ventilées et réalisées à partir de 40 m3 de bois local majoritairement brut.
Maître de l’ouvrage: Privé; Architectes: Madeleine, Vevey, et Studio François Nantermod, Champéry; Ingénieur civil: Ovale et partenaires, ChâtelSt-Denis FR, Ingénieur bois: IngeWood, St-Maurice; Construction bois: Morerod Charpente, Aigle; Menuiserie: Trisconi-Anchise, Vionnaz. Image: Séverin Malaud/Prix Lignum 2024
Un héritage de coeur
Au départ, une situation comme tant d’autres: trois petits-enfants héritent de la maison individuelle de leur grand-père et souhaitent s’installer sur la parcelle. Celle-ci ne manque en effet pas de potentiel d’utilisation et y bâtir un nouvel ensemble avec trois unités d’habitation semble tomber sous le sens. Les nombreux échanges avec l’architecte vont cependant donner un tout autre résultat, bien meilleur. La maison individuelle est préservée et forme aujourd’hui le cœur de l’habitat communautaire. Le sous-sol doté d’une buanderie et d’installations techniques communes dessert tous les logements. Le niveau supérieur évidé s’est mué en un espace commun convivial. Des passerelles et des seuils disposés avec finesse relient ce cœur aux trois nouvelles unités d’habitation, instaurant un équilibre entre parties communes et privées. Les nouveaux logements ceinturent étroitement l’ancienne maison. La structure en bois proprement dite est posée sur un socle en béton accueillant les cuisines, les pièces à vivre et les espaces extérieurs abrités. Cette extension est une solution exemplaire de densification d’une maison individuelle.
Maître de l’ouvrage: EPA, Saint-Cergue; Architecte: Bunq, Nyon; Ingénieur: INGPHI, Lausanne; Construction bois: JPF-Ducret, Bulle; Menuiserie: Menuiserie Mayland, Sainte-Croix. Image: David Gagnebin-de-Bon.
Image: Eik Frenzel/Prix Lignum 2024
Label Bois Suisse pour les structures et les façades
Dans la pente
L’extension de l’internat se dresse sur le flanc du Jura. Derrière l’image de la simple grange se cache en réalité un programme dense. La lumière pénètre dans le couloir central par le décrochement vertical au milieu du bâtiment. Entrée et vestiaires, cuisine et pièce de vie, sanitaires et douches, salon et coursive, les espaces communs se succèdent du côté de la pente. En aval, les chambres s’ouvrent sur un balcon tout en longueur avec vue sur les Alpes. D’à peine plus de 2,30 m de large, elles sont néanmoins étonnamment spacieuses et lumineuses. La structure spatiale de l’internat est d’une grande rigueur. Les poteaux moisés déterminent le rythme des pièces. Un sous-tirant en frêne soutient les poutres de toiture pour former une ferme en treillis. La ferme est complétée par des tirants verticaux encadrant le couloir central et maintenant le plafond de la salle de gym. Espace et structure, lumière et ambiance, tout concourt à un ensemble cohérent, très étudié et serein.
Maître de l’ouvrage: La Gavotte; Architecte: BCRarchitectes, Carouge; Ingénieur: EDMS, Petit-Lancy; Construction bois: Dasta Charpentes-bois, Plan-les-Ouates; Menuiserie: OP Menuiserie, Vernier. Image: Paola Corsini/Prix Lignum 2024
Pour les humains et les animaux
Le parc animalier de La Gavotte est un territoire associatif informel de la commune de Lancy. Le bureau BCRarchitectes y a aménagé de nouveaux chemins d’accès, des écuries et des zones de détente – et ce, sans détruire le caractère du lieu. Plutôt qu’un grand bâtiment sur plusieurs niveaux, il a créé trois bâtiments bas ouverts aux angles. Isolé en partie seulement, le bâtiment réservé au public héberge la réception, la cuisine ainsi que des sanitaires, des espaces de stockage et une salle polyvalente dotée d’une scène. Les deux autres bâtiments sont destinés aux animaux. Les architectes ont élaboré un principe de construction précis: la largeur d’une stalle pour grands animaux, soit 1,80 m, détermine l’entraxe, tandis que la longueur d’une stalle classique détermine la position des poteaux intérieurs ainsi que la largeur des coursives où l’on se rencontre, s’active ou travaille à l’abri. Au centre, l’espace librement articulé est dépourvu de poteaux. Suivant la fonction voulue, la structure présente un remplissage différent: avec ou sans isolation, ouverture à mi-hauteur ou fermeture, masquage ou claustras à mailles diagonales. Elle est ainsi modifiable et extensible.
Maître de l’ouvrage: Jardin Botanique de l’université de Fribourg; Architecte: Charly Jolliet, Fribourg; Construction bois: Jordan, Cerniat. Image: Georg Aerni/Prix Lignum 2024.
Label Bois Suisse
Un pavillon pédagogique
Sa genèse est une belle histoire. Le jeune architecte Charly Jolliet était en train de travailler dans l’entreprise de construction bois de son père quand la demande est arrivée: l’université de Fribourg souhaitait un abri à outils pour son jardin botanique. Inspiré par la beauté du site, l’architecte s’est efforcé de concevoir à la place un pavillon à l’atmosphère suggestive, incarnant le thème «Arbres du passé, arbres d’avenir». Un lieu en bois et sur le bois qui accueillera des événements et des ateliers pédagogiques. Une belle histoire et un ouvrage tout aussi réussi, accessible par de longues rampes se déroulant sur l’herbe. Seuls les troncs de trois mélèzes malades, abattus puis récupérés, sont en contact avec le sol. Point de départ de la forme triangulaire du pavillon, ils supportent aujourd’hui une charpente parapluie revêtue de bardeaux. Une scierie locale s’est chargée de débiter les cimes des mélèzes en planches pour le sol et les bancs. Tout comme les parties de mur et de l’espace de stockage intégré, les bancs flottent au-dessus du sol, semblant indiquer que les humains n’ont fait qu’emprunter ce lieu à la nature.
Maître de l'ouvrage: Office Fédéral de la Culture, Centre Dürrenmatt Neuchâtel; Architecte: KLR Architectes, Fribourg/Zurich/Stans; Design, travaux de menuiserie: LAPORCH, Bussy-sur-Moudon. Image: Sacha di Poi/Prix Lignum 2024
Une piscine convertie en scène et du mobilier modulable
Si Friedrich Dürrenmatt est connu pour son œuvre littéraire, il l’est moins en tant que peintre. Beaucoup ignorent qu’il a vécu presque 40 ans sur les hauteurs de Neuchâtel, jusqu’à sa mort en 1990. Dix ans plus tard, sa maison, transformée et agrandie par Mario Botta, devenait le Centre Dürrenmatt Neuchâtel. Une première rénovation partielle s’est imposée vers 2020. L’atelier de menuiserie multidisciplinaire LAPORCH a fait partie du projet et a fourni le mobilier en chêne pliable. Modulaires et sur roulettes, les tables peuvent être facilement déplacées dans les pièces et permettent différentes configurations. Grâce à de simples charnières, elles se transforment en coffre de rangement pour les chaises pliantes empilables. Une idée ingénieuse et efficace. À l’extérieur, l’atelier a conçu une couverture de forme inhabituelle pour la piscine, en mélèze, imitant la surface de l’eau qui ondule.
Design & réalisation: Woodspirit, L‘Isle. Image Joëlle Aerni/Prix Lignum 2024. Label Bois Suisse
Monter et descendre avec un même ski
Il fut un temps où les snowboardeuses étaient bien à plaindre dans les courses alpines. Chaussées de raquettes, le snowboard sur le dos, elles peinaient pour gravir la pente, tandis que les skieurs, peaux de phoque aux skis, les dépassaient d’une allure légère. Puis est arrivé le splitboard: un snowboard scindé en deux parties, utilisé comme des skis à la montée et assemblé en snowboard pour la descente. Son noyau est standard, le bois alliant légèreté et stabilité dimensionnelle. ‹Split› est moins une innovation technique que le fruit du travail acharné de Lucas Bessard. Ce jeune menuisier propose une alternative artisanale au produit fini des entreprises internationales d’équipements de sports d’hiver. Le noyau de son splitboard associe du sapin blanc léger pour la montée et du frêne dur pour le report des forces à la descente. Pour finir, les différentes couches sont compressées avec des bandes en fibres de carbone. Et voilà votre snowboard en bois, fabriqué à la main en Suisse romande.
Lien www.prixlignum.ch