Lignum Holzwirtschaft Schweiz

La Bourgeoisie de Boécourt-Séprais réalise deux immeubles locatifs avec son propre bois.

Afin de mettre à profit ses 300 hectares de forêts, la Bourgeoisie de Boécourt-Séprais a réalisé deux immeubles locatifs de rendement avec son propre bois à Boécourt (JU). Ces immeubles de six appartements chacun ont permis de valoriser 570 m3 de grumes issus des forêts de la Bourgeoisie. Un bel exemple d’utilisation du propre bois et de mise en valeur des circuits courts. Lignum Jura a remis le Label Bois Suisse au maître de l’ouvrage le 30 avril 2022.

Image: Lignum Jura
 

La bourgeoisie de Boécourt-Séprais possède 300 hectares de forêt. Son plan de gestion lui permet de couper 2’900 m3 par année (1’900 m3 de résineux et 1’000 m3 de feuillus). Son objectif a été de réaliser un bien immobilier de rendement, en utilisant son propre bois pour la construction et le chauffage.

La possibilité de valoriser le bois local, et de promouvoir l’économie et l’industrie régionale du bois ont conduit à accepter la plus-value par rapport à une variante béton-briques. L’emplacement choisi au milieu du village souligne le caractère emblématique de la réalisation. Le projet comprend deux locatifs de 6 appartements chacun (le premier n’abrite que des 3½ pièces tandis que le second accueille 2 x 3½ au rez-de-chaussée et 2 x 2½ ainsi que 2 x 4½ pièces aux étages supérieurs).

Le groupe Corbat a été choisi pour la fabrication des éléments en ossature-bois et de la charpente des immeubles, car il entretient de longue date une relation commerciale avec la bourgeoisie de Boécourt. Les partenaires ont été invités relativement tôt dans la démarche, dans la volonté d’accompagner la bourgeoisie de Boécourt dans la valorisation de son propre  bois.

Le maître d’ouvrage souhaitait valoriser son bois tout en restant compétitif. Un système d’ossature bois traditionnel a finalement été choisi. La composition des parois extérieures est la suivante : bardage, lattage, contre-lattage, isolation périphérique en fibre de bois, ossature bois avec les montants d’ossature, isolation interne, vide-technique, plaque de plâtre fibrée.

Les dalles d’étage ont donné lieu à une étude particulière : le pour et le contre des diverses variantes ont été soigneusement étudiés. Des dalles en lamellé-collé auraient ainsi permis d’utiliser le bois de la bourgeoisie de Séprais Boécourt. Pour des raisons économiques et techniques cependant, le choix s’est finalement porté sur des caissons en bois suisse de la marque Lignatur. L’avantage de ce système réside dans le fait que l’isolation ou les briques concassées qui amène de la masse nécessaire à une bonne isolation phonique peuvent être directement intégrées à l’intérieur des caissons.

Le bâtiment repose sur un radier et un noyau central (escalier et ascenseur) en béton. Pour le reste, le bâtiment est principalement en bois et prend appui sur ce noyau central et sur les parois en ossature dont les montants sont disposés tous les 60 cm. La particularité réside dans le fait que le bardage ou le parement est fixé directement sur les éléments de construction (parois extérieures et cloisons intérieures). Ce système constructif permet une préfabrication poussée et réduit ainsi la durée d’intervention sur le chantier. La majorité du bois provient de la bourgeoisie malgré la mise en œuvre d’un produit industriel en bois pour les dalles. Pour le bois des structures (ossature, cloisons, toiture), il s’agit de sapin local collé par l’entreprise Schilliger Holz. A noter que cette société accepte les grumes envoyées par wagons, réduisant d'autant l'impact écologique des transports. Ainsi, le bois est revenu sous forme collée directement à Glovelier où le groupe Corbat s’est chargé de façonner le bois sur son centre taille numérique puis d’assembler les parois prêtes à être livrées sur le chantier.

Pour les lames de façades (1’100 m2), le sapin blanc scié par le groupe Corbat, puis séché et raboté, provient aussi de la bourgeoisie. Après rabotage, un traitement en deux couches a été appliqué pour obtenir un produit de haute qualité. Les sols des chambres sont en outre en parquet de frêne (340 m2). Il s'agit d'un parquet massif de 14 mm, réalisé avec du bois de la bourgeoisie, scié à Vendlincourt, séché et usiné ensuite à Glovelier puis livré sur le chantier. Les lames de terrasse en chêne (140 m2) proviennent également des forêts de la bourgeoisie.

Le déroulement de l’opération fut le suivant : fin 2017, début des discussions ; début 2018 pré-étude (y compris sélection du bois de feuillu, car contrairement au bois de résineux, celui-ci a besoin de plus de temps pour sécher avant de pouvoir être usiné) ; mars 2018 abattage des chênes et des frênes, permis de construire ; juillet 2018 démolition et début des travaux ; novembre 2018 abattage des résineux ; février 2019 usinage à Glovelier du bois lamellé collé revenant de Schilliger Holz ; mai 2019 livraison des premiers éléments-bois pour le premier immeuble ; septembre 2019 montage du 2e immeuble durant 3 semaines ; mars 2020 fin des travaux.

Enfin les bâtiments sont chauffés par une chaudière à bûches d'un mètre pour une consommation estimée de 75 stères par année.

Le maître d’ouvrage a fait le choix du bois pour sa qualité de confort d’habitat et d’architecture contemporaine. La volonté d’utiliser le bois local, voire son propre bois, doit cependant être clairement exprimée si l’on désire le mettre en œuvre. Renouvelable, le bois local offre ainsi en plus de ses qualités écologiques, des avantages en matière de circuits courts. Au niveau économique, les gains sont la rapidité de mise en œuvre, des emplois de proximité et les débouchés pour le bois de la région.

Texte basé sur la fiche Lignum Jura avec les détails et les images du projet (cliquez sur le lien pour visualiser les images)

Liens: holz-bois-legno.ch I proprebois.ch